Avec ce blogue, nous poursuivons notre série sur la santé mentale en nous penchant cette fois sur la santé mentale des Métis, des Inuits et des Premières nations. La santé mentale est une question de santé et de société complexe qui requiert un soutien particulier et soutenu des proches et des communautés. Rien de plus vrai pour les trois communautés qui nous concernent ici. À lui seul, le legs des écoles résidentielles imposées sur ces peuples a anéanti la mémoire collective d’au moins deux générations complètes, leur enlevant leur identité, leur histoire orale, leur culture et leurs repères identitaires essentiels. Les ravages des pensionnats en matière de santé, notamment en santé mentale et en problèmes liés à la toxicomanie entre autres, sont anormalement élevés, trop répandus et ont toujours aujourd’hui des effets dévastateurs sur ces communautés (tabagisme, taux de suicide élevé entre autres). Sans oublier les plus de 4000 enfants autochtones qui y sont décédés, les abus successifs et souvent violents infligés sur quelque 150 000 enfants qui y sont passés, se font sentir de manière désastreuse aujourd’hui. Le Centre des Premières Nations (CPN), responsable de gérer les priorités et les besoins de santé uniques des Premières nations y fait écho :
« Les politiques de colonisation et d’assimilation, comme le placement des enfants autochtones dans les pensionnats, l’interdiction des cérémonies traditionnelles et les politiques et pratiques contemporaines qui cherchent à réglementer la vie des peuples des Premières nations peut avoir des conséquences nuisibles sur la santé et la qualité de la vie dans les communautés des Premières nations et ces conséquences peuvent se transmettre sur plusieurs générations. Certaines de ces conséquences sont associées au syndrome de stress post-traumatique (SSPT). »
Aux grands maux, les grands moyens?
Bien que les écoles résidentielles soient au cœur de bon nombre des problèmes de santé mentale vécus par ces peuples, on parle de plus en plus ouvertement et franchement des effets dévastateurs que le colonialisme a eus dans son ensemble sur ces trois peuples natifs du territoire canadien :
« Une grande partie des problèmes de santé mentale et physique, auxquels font face les communautés des Premières nations, sont enracinés dans les conséquences de traumatismes psychologiques (de) violation des droits humains et (de l’) appauvrissement résultant de la colonisation. » affirme le CPN.
L’organisme cite d’ailleurs le rapport de force déséquilibré entre le Canada et ses peuples indigènes comme étant la grande source des maux actuels :
« La tradition colonialiste du Canada a renversé l’autorité naturelle des Premières Nations dans divers secteurs de la santé : (a) Éducation (p.ex. l’établissement des pensionnats et un système public inadapté); (b) Économie (p.ex. la perte des territoires et le pillage des ressources naturelles); (c) Politique (p.ex. la gouvernance en fonction de la Loi sur les Indiens au lieu des liens traditionnels de parenté et des pouvoirs des chefs); (d) Pouvoir (p.ex. l’interdiction de pratiques spirituelles et autres pratiques indigènes qui constituent le fondement du pouvoir autochtone). Selon la perspective indigène, il faudrait rapatrier l’ensemble de ces systèmes. »
Des tentatives de réconciliation…
Dans le but d’entamer une réconciliation, la Commission de vérité et de réconciliation du Canada a débuté son travail d’écoute et de documentation pour permettre aux communautés autochtones de se raconter – un premier pas vers la guérison. Le mandat est clair et éloquent : « La révélation de nos expériences communes aidera à libérer nos esprits et à ouvrir la voie à la réconciliation. » Ayant sillonné un peu partout au Canada depuis 2 ans à la rencontre de ceux qui ont vécu ces traumatismes-chocs, la Commission ferme la boucle à Ottawa entre le 31 mars et le 3 juin prochain. En solidarité à la démarche, nous pouvons agir en nous joignant aux peuples autochtones du Canada le 31 mai prochain alors qu’aura lieu la Marche pour la réconciliation dans la capitale nationale. Le but de la marche en quelques mots très sages : « Notre avenir dépend de notre capacité à simplement s’entendre et se respecter mutuellement pour les dons uniques que nous apportons. (…) nous marcherons pour exprimer notre détermination à reconstruire les relations entre les peuples autochtones et tous les Canadiens.»
La route de la guérison est très longue. Mais pour qu’elle ait lieu véritablement, le CPN rappelle que la santé mentale pour les Premières Nations dépasse uniquement le traitement : « nous devons absolument analyser les facteurs sociaux, spirituels, historiques, politiques et économiques qui favorisent le mieux-être au lieu de se concentrer exclusivement sur les anomalies mentales ou comportementales ». La route est effectivement très longue, mais les valeurs de la Commission de vérité et de réconciliation sont les piliers sur lesquels repose un avenir plus prometteur : l’espoir, le respect et la réconciliation. Lectures suggérées : Pour un compte rendu succinct et percutant sur la Commission et son importance, consultez cet article paru dans Le Devoir. Ressources et informations statistiques gouvernementales qui dépeignent un portrait réel et choc sur l’état de santé des Premières nations. La Commission de la santé mentale du Canada propose un dossier fort utile sur la question en cause. Le Centre de la collaboration nationale de la santé autochtone fait le point sur les normes coloniales en tant que déterminants de la santé mentale des autochtones.
Lectures suggérées :
Pour un compte rendu succinct et percutant sur la Commission et son importance, consultez cet article paru dans Le Devoir.
Ressources et informations statistiques gouvernementales qui dépeignent un portrait réel et choc sur l’état de santé des Premières nations.
La Commission de la santé mentale du Canada propose un dossier fort utile sur la question en cause.
Le Centre de la collaboration nationale de la santé autochtone fait le point sur les normes coloniales en tant que déterminants de la santé mentale des autochtones.